Les mémoires Akashiques et la méditation, par Don Ernesto ORTIZ
Eric Grange | 16 avril 2018
Je me rappelle clairement du tout premier, un « Sensei », autrement dit un maitre bouddhiste de la lignée Zen. J’avais 18 ans et il déambulait au milieu du dojo, observant si nous maintenions bien la posture correcte et si restions complétement immobiles. Il possédait un bâton qu’il utilisait souvent sur nous en nous rappelant de « ne pas bouger ».
Est-il besoin de préciser que j’ai eu souvent à faire avec ce bâton car j’avais du mal à garder l’immobilité, mes jambes s’engourdissaient et mes oreilles me grattaient…Enfin vous voyez ce que je veux dire…
Finalement je vais voir le Sensei pour lui reprocher de toujours venir me taper avec son bâton à chaque fois que j’essayais de méditer et il me répondit : « Tu n’as rien à faire ici, tu ferais mieux de partir ». Wow ! Quelle façon de s’adresser à un ado qui voulait simplement découvrir la méditation. Mais je n’avais pas envie de partir et devant mon insistance, il ajouta : « rentre chez toi et assieds-toi 30 minutes sans bouger, quand tu y seras arrivé, tu pourras revenir ». C’est ce que j’ai fait, je suis rentré, me suis mis à pratiquer sérieusement et après quelques semaines, j’étais en mesure de rester immobile le temps imparti.
C’est tout joyeux que je retournais voir mon maitre. Il me regarda, impassible et dit : « c’est bien maintenant retourne chez toi et assieds-toi 50 minutes ». Challenge accepté et c’est avec enthousiasme que je me remis au travail.
Quelque temps plus tard, je retournais le voir pour lui annoncer que j’avais de nouveau relevé le défi. Sans dire un mot, il pointa un coussin et je m’assis pour méditer.
A la fin de la méditation il me dit : « tu n’arriveras pas à contrôler ton esprit si tu ne contrôles pas d’abord ton corps ».
Cette recommandation est un joyau qu’il m’a donné et qui est resté avec moi le reste de mon existence.
Maintenant quel est le rapport entre les mémoires Akashiques et la méditation ?
Les champs Akashiques sont vastes et illimités, sur une fréquence vibratoire extrêmement subtile qui est présente partout et existe à la fois dans le passé, le présent, et continue sans limitation dans le futur.
En 2014, la physique quantique va reconnaitre cette dimension et l’appeler « les champs Akashiques ». Ceux-ci rentrent en résonance avec l’intégralité du vivant, dont la fonction est d’enregistrer les empreintes et les « impacts » reçus des éléments, des planètes, des gens et de nos corps émotionnels.
Les champs Akashiques sont des champs illimités d’énergie, ils sont appelés « Akashiques » car ils sont composés d’Akasha « la substance primordiale ou énergétique » et nommés « annales » car leur but est d’enregistrer toutes les expériences de vie. Comme mentionné plus haut, elles contiennent passé, présent et futur
Akasha est partout comme “un tissu subtil qui lie l’univers ensemble, un peu comme les tissus conjonctifs dans le corps physique.
Akasha est le domaine premier du cosmos, le domaine qui « connecte » et qui se « rappelle ». Tout ce qui est contenu dans le rapport temps/espace est connecté de manière subtile avec tout le reste et est « enregistré » un peu comme une donnée qui est entrée sur Internet. Akasha est l’internet cosmique qui sauvegarde toutes les données de l’univers.
L’existence d’un tel domaine au-delà de nos perceptions quotidiennes et ordinaires peut sembler quelque chose de subjectif. Mais c’est une idée qui a depuis toujours animé les chercheurs. Platon l’appelait “le monde des formes et des idées” et l’identifiait avec le « trône de l’Ame ». Le philosophe grec Pythagore le nommait « Kosmos » et Plotin “l’Un”.
Les Rishis indiens nomment la réalité profonde du monde Akasha, la réalité ultime du monde, celle qui ne change ni ne mute mais qui anime toute forme. Le monde du temps et de l’espace est Lila, le jeu sans fin où tout apparait et disparait, de la forme et de sa dissolution. Tout cela est manifestation d’Akasha.
Swami Vivekananda disait que tout ce qui a une forme, qui est le résultat d’un alliage vient d’Akasha. D’après Paramahansa Yogananda, Akasha est la « matière subtile » qui nous aide à comprendre. Dans la même idée, le physicien David Bohm notait que le sens caché des choses perçues par les sens ne peut être compris qu’en considérant l’existence d’un champ commun à tous les phénomènes qu’il appelait l’ordre implicite.
Aussi longtemps que notre âme continue son évolution, depuis le tout début jusqu’à maintenant, toutes ses actions laissent une empreinte.
Le résultat est une bibliothèque de mémoires enregistrées que nous pourrions appeler « le livre de Vie » de nos propres mémoires Akashiques. Elles allient les choses très personnelles avec d’autres, apparemment plus distantes, elles relient les êtres entre eux, dans le cas de la famille et des karmas partagés de vie en vie, on parlera de mémoires communes.
Il existe aussi des mémoires “culturelles », qui relient un groupe d’individus, une tribu, qui maintiennent la cohérence du groupe. On peut élargir encore et étendre au niveau cosmique, en parlant de mémoires planétaire et encore au-delà.
Maintenant, imaginez la richesse des mondes intérieurs et extérieurs à explorer si l’on arrive à se connecter à Akasha et qu’on commence à l’explorer. Nous pouvons entrer en méditation avec nos mémoires ouvertes, celle-ci s’en trouvera grandement enrichie.
Si la soif de connaissance est présente, si vous souhaitez explorer les conditions de votre esprit et sa relation avec les émotions, alors se servir des mémoires est extrêmement bénéfique et permet de remonter jusqu’aux causes premières et ainsi les guérir.
Peu importe la forme pratiquée, les mémoires peuvent vraiment approfondir votre méditation.
Il y a plusieurs années, j’étais en présence d’un de mes Guru et lui ai posé une question au sujet de ma pratique. Il me demande quelle sorte de méditation et je lui réponds la respiration en conscience.
Il sourit et me pose cette question : « sur quoi te concentres-tu quand tu arrêtes de respirer ? ». Cette question eut un grand effet sur moi et me permit en quelques secondes de réaliser la vacuité que je créais entre l’inspire et l’expire. Je commençais à porter autant d’attention à inspirer et bloquer, et à expirer et bloquer.
Les mantras et la prière contemplative sont d’autres formes de méditation qui sont caractérisées par une pleine présence à ce qu’il se passe. C’est ce que toutes les traditions contemplatives ont en commun, le fil qui les relie toutes et leur donne un sens.
Les techniques ne manquent pas, certaines focalisent sur la perception elle-même comme la pleine conscience, d’autres utilisent des objets comme point de concentration.
Pour la définir simplement, on pourrait dire que la méditation est un effort pour être pleinement présent. C’est la réconciliation du « faire » et de « l’être, les deux rives d’un pont. Quand on a la patience de s’assoir et de regarder, petit à petit l’eau fangeuse de l’esprit se purifie et nous permet de voir à travers. En laissant se reposer le mental, le cœur s’ouvre et nous pouvons passer des pensées/émotions à une réalité bien supérieure qui apporte la clarté et la connaissance.
Les maitres de méditation parlent tous de l’importance de la présence à la respiration, à cet instant, pas dans le passé ni dans le futur mais dans l’ici et maintenant de ce moment transcendental. Dans les champs Akashiques, cette présence au-delà du temps est la sphère de toutes les possibilités.
Beaucoup de gens éprouvent du mal à être dans le présent mais ils n’ont pas le choix que de se retrouver encore et encore ici et maintenant. La méditation est un moyen d’être présent et de savoir que nous le sommes.
Qu’en est-il de la posture ?
Chaque école est différente, certaines recommandent une posture très ferme, d’autres se concentrent sur des aspects plus internes mais toutes s’intéressent de près à la conscience.
Les traditions orientales recommandent de garder la colonne droite et érigée, les mains reposant sur les jambes, le ventre relaxé, le menton légèrement rentré, mâchoire desserrée, la langue touchant le haut du palais.
Les jambes sont dans la posture du lotus ou du demi-lotus. Une colonne droite est extrêmement importante, elle permet à la lumière et à l’énergie de circuler de haut en bas librement. S’il est trop pénible de rester en lotus, vous pouvez utiliser une chaise tout en gardant tous les autres points clefs.
Les enseignements du Bouddha font mention de quatre postures de méditation : assise, debout, couchée et en marchant. Si on y pense un peu c’est très simple, il suffit d’être conscient de marcher quand on marche, conscient d’être assis quand vous l’êtes et ainsi de suite. Simplement être conscient et présent à ce que l’on fait. Pour moi la posture couchée est la moins efficace, du fait de la tendance naturelle à s’endormir.
On apprend à s’assoir comme un Bouddha, à marcher comme un Bouddha. Devenir un Bouddha est d’ailleurs le but de tout bouddhiste.
Le Bouddha a enseigné aussi 6 formes de méditation : la première, et la plus importante, est « la méditation analytique ». Une méditation active dans laquelle vous analysez vos émotions et leurs relations. Admettons que nous ayons un problème avec la colère nous allons méditer dessus. Si nous savons comment accéder aux mémoires Akashiques alors le processus est renforcé d’autant, et nous pouvons remonter les fils qui nous mènent à la source de cette colère. Celle-ci peut venir de notre vie actuelle ou pas, c’est toute la beauté d’Akasha. N’oublions pas que tout, absolument tout est enregistré dans notre « livre de Vie » personnel. Cette méditation est un moyen efficace pour se libérer des émotions négatives et des croyances qui ne nous servent plus, et ainsi nous alléger grandement pour la suite de notre vie.
La seconde est « la méditation de l’amour » qui nous permet de nous ajuster aux fréquences du cœur. Elle consiste à souhaiter le meilleur pour les autres plus que pour soi, la santé, la prospérité et le bonheur de tous les êtres, nos ennemis inclus. Dans cette méditation, on va du passé au présent, en revisitant toutes nos relations, en amenant chaque personne face à soi, puis en leur souhaitant et en leur donnant de l’amour comme vous pourriez le faire avec votre mère et votre père tout en ressentant de la gratitude pour leur présence dans nos vies.
La troisième est « la méditation de la compassion » dans laquelle vous imaginez tous les êtres en souffrance de manière aussi vive que possible. Vous ressentez leurs douleurs ou leurs anxiétés tant et si bien que la compassion émerge en vous. D’ailleurs quelle est la différence entre la compassion et la pitié ? La pitié c’est être désolé pour quelqu’un, par exemple un mendiant dans la rue, mais ce n’est pas la compassion. La compassion est le souhait véritable que tous les êtres trouvent le Bonheur et soient libérés de la souffrance. D’ailleurs il est bon de commencer sa méditation en disant :
- Que tous les êtres soient heureux et connaissent les conditions du bonheur
- Qu’ils puissent être éloignés de la souffrance et des causes de la souffrance
- Qu’ils ne soient jamais séparés de la joie véritable
- Qu’ils restent équanimes, libres des désirs et des aversions
La quatrième est « la méditation de la joie » dans laquelle vous pensez au bien-être des autres et vous vous en félicitez. Si vous avez des relations qui se sont mal finies, vous pouvez utiliser cette méditation pour changer les empreintes karmiques. Elle vous fait imaginer la personne souriante, radieuse et pleine de joie. Vous pouvez continuer de cette manière avec d’autres personnes.
La cinquième est la « la méditation des impuretés » dans laquelle on considère les effets de nos actions négatives, des conséquences néfastes de la corruption, et combien sont lourdes ou fatales les conséquences de plaisirs triviaux. Vous pouvez imaginer les empreintes karmiques dans les champs Akashiques, et de quelle manière nous nous engluons karmiquement avec une personne ou un groupe. Nous faisons cette méditation avec nos mémoires ouvertes. De cette manière vous pouvez remonter le temps pour retrouver les premières actions négatives et nettoyer ces empreintes, l’action ne peut jamais être annulée mais l’empreinte émotionnelle peut-être nettoyée par ce simple dialogue avec soi-même et par le travail sur le pardon illuminé par la conscience.
La sixième est « la méditation de la sérénité » dans laquelle nous essayons de cultiver la paix intérieure. Nous sortons de l’attraction et de la répulsion, nous nous élevons au-dessus de la dualité d’amour et de haine, nous lâchons prise envers nos émotions stagnantes et le dialogue incessant de notre mental. De cette manière nous gagnons en sérénité et en paix intérieure.
Si vous savez comment accéder à vos mémoires Akashiques, vos méditations prendront une saveur particulière, douce, profonde. En explorant l’intérieur et l’extérieur, votre unité fondamentale se fait jour, laissant derrière elle la difficulté et la peine.
Je vous quitte avec ces mots de sagesse du Maître Tibétain Nyoshul Khenpo:
Laisse reposer dans la Grande Paix Naturelle cet esprit épuisé
Qui se bat sans défense face aux pensées karmiques et névrosées
Semblables à la fureur implacable des vagues qui déferlent
Dans l’océan infini de Samsara
Laisse reposer dans la grande paix naturelle
Puissent vos méditations devenir douces et belles, puissiez-vous les infuser d’amour, de tendresse et de compassion pour vous et pour tous les êtres, et votre esprit trouver la paix intérieure.
Du cœur.
Don Ernesto Ortiz